LAS CASES, Emmanuel, comte de. Mémorial de Sainte-Hélène, ou Journal où se trouve consigné, jour par jour, ce qu’a dit et fait Napoléon durant dix-huit mois. Paris, l’auteur, 1823. 8 volumes. [Suivi de :] [GRILLE & MUSSET-PATHAY]. Suite au Mémorial de Sainte-Hélène, ou observations critiques, anecdotes inédites pour servir de supplément et de correctif à cet ouvrage ; contenant un récit authentique de faits, de documents, un manuscrit inédit de Napoléon, les six derniers mois du gouvernement impérial, et l’exposé des causes qui contribuèrent à sa chute, etc. Paris, Raynal et Roret, 1824-1825. 2 volumes.
Soit un total de 10 volumes in-8, 1 plan, 2 cartes et le portrait de l’auteur. Reliés en plein veau brun granité, roulette dorée encadrant les plats, dos lisses très finement ornés de motifs dorés, pièces de titre et de tomaison de maroquin havane, coupes décorées, tranches jaunes mouchetées. Reliure uniforme de l’époque.
200 x 127 mm.
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Edition originale du Mémorial de Sainte-Hélène complétée par la seconde édition de sa suite.
Selon Carteret, ces Mémoires sont « du plus vif intérêt, universellement connus et appréciés, à rechercher en reliure du temps ». (II, 36).
Le Mémorial, dès sa parution, eut un immense succès et exerça une influence politique considérable.
« Après la mort de Napoléon et sur la foi des récits de Las Cases, on se mit à croire au Napoléon démocrate, libéral, fils de la Révolution qu’il peignait, conformément aux intentions de son maître. C’est en partie du Mémorial que sortit la renaissance du sentiment napoléonien qui devait atteindre son apogée dans le Retour des Cendres et trouver son épilogue avec la venue au pouvoir de Napoléon III. Mais le Mémorial ne provoqua pas seulement un mouvement politique. Il eut une influence sur la naissance d’œuvres littéraires d’une extrême importance : c’est de cette génération désorientée par sa chute, dont il disait : « Quelle jeunesse je laisse après moi ! » que devaient sortir des œuvres aussi différentes que la Confession d’un enfant du siècle et le Rouge et le Noir ; c’est la lecture du Mémorial qui donna à Goethe l’idée des Conversations avec Eckerman. Ajoutons que le témoignage de Las Cases peut être maintenant complété par le Journal de Gourgaud et par le Journal du grand maréchal Bertrand qui fut publié sous le titre de Cahiers de Sainte-Hélène (1816-1821) ».
L’illustration en premier tirage comprend le plan de la maison de Longwood et 2 cartes dépliantes représentant la campagne d’Italie et l’Ile de Sainte-Hélène. La Suite est en outre illustrée d’un portrait de Las Cases en frontispice.
« Vaincu, déchu, couvert de boue par des centaines de pamphlets, laissant à la postérité le souvenir d’un nouvel Attila en 1815, Napoléon a modifié son image à travers un livre, ce Mémorial qui rappelait sa gloire passée et sa misère à Sainte-Hélène. Comment la génération des Romantiques n’aurait-elle pas été frappée par ce fabuleux destin qui conduisit Napoléon de la domination de l’Europe à celle de quelques mètres à Longwood. D’ogre de Corse Napoléon devenait Prométhée sur son rocher. Dans le Mémorial Napoléon se posait en champion des idées libérales et nationales, en martyr de la Sainte-Alliance. Les révolutions de 1830 se firent souvent au cri de ‘Vive Napoléon !’. Celui-ci avait ainsi réussi, par l’entremise de Las Cases, à confisquer au profit de sa cause les deux forces montantes du XIXe siècle. Le Mémorial : un chef-d’œuvre de la littérature mais aussi de la propagande politique ». (En Français dans le texte, 235).
Très bel exemplaire réunissant le Mémorial et sa Suite, uniformément relié en veau brun granité de l’époque, condition rare pour cet ouvrage qui est, comme le souligne Clouzot, « sauf cas exceptionnel, très simplement relié à l’époque : demi-basane ou demi-veau. Les reliures pleines, peu fréquentes, sont en basane, rarement en veau ».
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