CARTES A JOUER. Planche d’impression pour 20 valets. Nérac, Jean Délias, entre 1720 et 1751. Planche d’impression en bois gravé représentant 20 valets. Petite fente verticale dans l’une des cartes. Dimensions de la planche : 398 x 310 mm. (Épaisseur : 2 cm). Chaque carte mesure 57 x 92 mm.
Exceptionnelle planche d’impression de cartes à jouer réalisée à Nérac entre 1720 et 1751.
Ce bois gravé porte les figures de 20 valets, 10 d’entre eux étant signés Jean Délias. Délias père et fils sont connus comme cartiers dans la ville de Nérac à la fin du XVIIe et dans la première moitié du XVIIIe siècle. Leur production s’inspire de celle de Bordeaux.
« En France, les plus anciens bois contenaient la gravure de vingt cartes, et, pour avoir les figures nécessaires à former un jeu, les cartiers devaient posséder deux moules distincts. Sur l’un, en effet, étaient gravés les valets des séries rouges, c’est-à-dire qu’il comprenait 10 valets de carreau et dix valets de cœur, tandis que sur l’autre on rencontrait les rois, les dames de deux jeux ainsi que les quatre valets noirs qui leur étaient nécessaires pour compléter le quadrille. Quant aux points, ils étaient simplement patronnés. » (D’Allemagne, Les cartes à jouer du quatorzième au vingtième siècle, p. 391).
Ce bois gravé correspond au moule des valets des séries rouges ; il comporte ainsi 10 valets de carreau et dix valets de cœur. les deux valets figurant sur ce bois sont reproduits page 126 des Cartes à jouer D’Allemagne.
« Lors de la réimposition du droit sur les cartes, en 1701, le fermier, pour réprimer dans la mesure du possible les fraudes qui se commettaient, et aussi pour obtenir une plus parfaite rentrée de l’impôt, obligea les cartiers à se servir des mêmes moulages dans chaque région. De ce fait, la France fut divisée en neuf sections ayant chacune leur patron propre. Ces neuf patrons qui se faisaient concurrence près des joueurs de notre pays étaient les suivants : les patrons de Paris, de Bourgogne, de Lyon, d’Auvergne, de Dauphiné, de Provence, de Languedoc, de Guyenne et de Limousin. »
Les cartes au portrait de Guyenne (d’Aquitaine) présentées ici sont reconnaissables à quelques traits caractéristiques. « Les valets bordelais sont ainsi caractérisés par l’ampleur démesurée donnée à leurs manches, surtout à celles des valets rouges. Il est assez difficile d’établir une règle précise au sujet des attributs portés par les différents personnages, car, à chaque changement de moule, les fermiers et après eux les régisseurs, dans la seconde partie du dix-huitième siècle, introduisaient de légers changements : ces modifications étaient destinées à empêcher les cartiers de trafiquer à l’aide des anciens moulages… Le portrait bordelais était aussi choisi par les cartiers de Montauban qui l’éditaient, mais très réduit, puisque leurs cartes étaient tirées sur les moulages de trente cartes à la feuille, alors que Bordeaux et Agen tiraient à vingt cartes ».
Précieux bois gravé de cartes à jouer du début du XVIIIe siècle, dans un état de conservation exceptionnel.
Ce type de témoignages des techniques d’impression du début du XVIIIe siècle sont extrêmement rares sur le marché.