Paris, Richard Breton, 1565.
In-8 de (63) ff, plein veau blond, armoiries dorées au centre des plats, dos à nerfs orné, filet or sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches rouges, découpe sur le titre sans manque de lettre. Reliure ancienne. Etui.
160 x 98 mm.
The first edition of this mysterious series of grotesque illustrations « for the recreation of witty spirits. »
The woodcuts are now generally attributed to François Desprez who three years prior provided similar illustrations for different work printed by Breton. While Rabelais is invoked in the title, his name seems to have simply served to advertise the nature of the work – providing a shorthand for a playful, Pantagruelist posture. Some of the iconography can clearly be related to images by Hieronymus Bosch and Pieter Breughel, coming from a longer tradition of absurd and entertaining images which had only somewhat recently been made literary by the work of Rabelais. Much ink has flowed on the potential hidden meanings in these cuts, published in an age when esoteric symbolism was very much in vogue (cf. Cesare Ripas Iconologia and Valeriano’s Hieroglyphica). But there is no reason for not taking the author of the preface at their word when they write that the purpose of this book is to be « an object of laughter, an antidote for melancholy, and a pastime for the young. » lndeed, the afterlife of this work can be felt in both the tradition of delightfully weird children’s books as well as in the imagery of the comic theatre. Jacques Callot’s Gobbi and Balli di Sfessania a century later reveal the link to commedia dell’arte designs and later opera buffa. As the real Rabelais himself wrote, such images were « lightheartedly invented for the purposes of mirth. »
Mortimer French 499 ; Rawles & Screech 113 ; Fact and Fantasy 39.
Première édition rarissime des songes drolatiques de Pantagruel, le plus fascinant, le plus étrange et le moins ordinaire des livres français imprimés au XVIe siècle.
« Il est fort difficile de trouver un exemplaire complet de ce petit volume », écrivait déjà Brunet au XIXe siècle, lui dont l’exemplaire atteignit la formidable enchère de 1 650 F or, à sa vente qui eut lieu en 1868. Un livre de bibliophilie se négociait alors à compter de 10 F or.
« Les Songes Drolatiques de Pantagruel » sont ornés « de 120 figures grotesques gravées sur bois avec habileté, dans lesquelles on a cru voir une interprétation du roman célèbre de Rabelais ; d’ingénieuses explications ont même été faites de chacune de ces estampes.» (Catalogue Edouard Rahir 11, 650.)
Les 120 figures d’une verve étonnante décèlent « un génie caricatural étonnant » (Robert Brun) ; elles sont fort bien gravées sur bois par François Desprez, qui s’est inspiré de Pierre Breughel le vieux et de gravures de Jérome Cock (voir Mélanges Abel Lefranc, 1936, p. 229). On y a vu une interprétation de l’œuvre de Rabelais.
Cette suite fut réimprimée par Paul Lacroix en 1868, il signale l’extrême rareté du présent volume.
Ces dessins sont fort curieux et correspondent si bien à l’imagination rabelaisienne, qu’ils ont, pour ainsi dire, pris place dans l’œuvre de Rabelais. Brunet, et nombre de bibliographes dont, de nos jours, P.P. Plan, ont décrit ce recueil de 1565 ; ils ont provoqué une infinité de recherches ; on a voulu voir des allusions aux grands personnages du temps et des ressemblances dissimulées sous l’étrange et le grotesque. R. Brun, La gravure française au XVIe siècle, dit que ces Songes sont peut-être dus au même artiste qui exécuta la suite de la Diversité des Habits publiée à la même date chez R. Breton. La Bibliothèque Rahir contenait les deux ouvrages reliés ensemble (II, 654) ; et la Bibliothèque Lucien Graux (II, n° 100) le recueil des dessins originaux.
Premier tirage des compositions gravées sur bois à pleine page. Le dessinateur identifié par Jean Porcher en serait François Desprez, artiste et brodeur dont l’imprimeur Richard Breton venait de publier le Recueil de la diversité des habits (1562).
« Cette suite de figures décèle une imagination drolatique, une verve caricaturale étourdissante. Toutes sont d’un dessin très ferme et d’une taille vigoureuse quoique paraissant avoir été gravées rapidement » (Brun, pp. 60-61).
« Le bibliographe Debure en parlant de l’édition de 1565, gravée en bois seulement, dit que le célèbre Callot puisa dans Les songes drolatiques de Pantagruel, une grande partie des attitudes et tournures grotesques qu’il donna à ses caricatures.
Le but de cet ouvrage, qui fut dessiné en Italie, par Rabelais lui-même, a été de ridiculiser les premiers personnages de son temps, et surtout la cour de Rome. L’auteur s’est souvent écarté des bornes de la modestie reçue aujourd’hui, mais si on veut bien se reporter au temps où vivait cet homme habile, on trouvera qu’on avait alors sur la chose et le mot des idées bien différentes de celles que nous avons maintenant ».
Le rire de Rabelais :
Ces figures hybrides s’inspirent des drôleries gothiques, de la mode des grotesques, des œuvres de Brueghel, non sans aborder de façon insidieuse les polémiques confessionnelles visant l’Église romaine ; un pantin est affublé de la mitre, un autre de ce qui ressemble fort à une tiare ; un troisième, éléphantesque, esquisse le geste de la bénédiction…
On sait aujourd’hui que l’imprimeur Richard Breton était acquis aux idées de la Réforme en tant que calviniste dont les multiples activités couvraient celle de propagandiste de l’Évangile (Wildenstein, L’imprimeur-libraire Richard Breton et son inventaire après décès, 1571, in Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, XXI, 1959, pp. 364-379).
Ce petit volume qui par son inspiration se rattache si bien à l’œuvre bouleversante et tonitruante de Rabelais à de tout temps suscité de fortes enchères mais il est rare.
L’exemplaire Lebeuf de Montgermont fut ainsi vendu 2 500 F or en 1871 soit 250 fois le prix de base d’un livre de bibliophilie qui se négociait alors autour de 10 F or.
Le 20 novembre 1985, il y a 37 ans, un exemplaire relié au XIXe siècle sans le dernier feuillet blanc, était adjugé 400 000 FF (environ 60 000 €).
En mai 2006, il y a 16 ans, un exemplaire très court de marges, sans le dernier feuillet blanc, était vendu 135 000 €.
120 full-page woodcuts of grotesque figures and masquerades (printer’s device on title cut out and replaced with old paper and a small vignette, early German manuscript captions unobtrusively erased).
L’un des plus grands exemplaires connus en reliure armoriée ancienne (hauteur : 160 mm, plus grand que le célèbre exemplaire Solar-Beckford-Harvard).
Provenance : 17th century German manuscript captions – Sir Charles Bagot (1781-1843) governor-general of Canada ; supra-libros) – Ralph Sneyd of Keele Hall (« Sporting Ralph » nephew and heir of the great manuscript collector Rev. Walter Sneyd, gilt armorial white leather booklabel, his sale Sotheby’s 16 December 1903) – Edmée Maus of Geneva (booklabel, her library dispersed by Jammes and Engelberts).
Ref. : Brunet, IV.1066, Suppl. II.373 ; Brun, p. 79, 305, leaves E8V – FIr reprod. plate XIX ; Tchemerzine, vol. 9, p. 325, title-page reprod.; Beckford.-Hamilton Palace cat., pt. 3 (1883), no. 1133 not in Murray, Rothschild. For additional references, see Porcher.