Paris, Gillet Hardouin, 24 novembre 1503. (Almanach 1497-1520).
Grand in-8 de 96 feuillets sur peau de vélin de 31 lignes à la page, signés A-M par 8, complet. Veau fauve, large encadrement de médaillons de fleurs de lys, fleurettes et pampres de vignes alternés, soulignés de petites fleurs de lys dorées, grand rectangle central orné d’un semé de fleurs de lys dorées, avec large ovale central de feuillages et grands écoinçons d’angles dorés, dos à nerfs orné d’un semé de fleurs de lys, pièces d’argent aux coins, traces d’attaches, tranches dorées. Chemise et étui en maroquin brun signé de Rivière & Son. Reliure française vers 1600.
215 x 150 mm.
Très beau livre d’Heures imprimé sur peau de vélin, l’un des tout premiers émanant de la lignée des Hardouin encore domiciliée à l’enseigne de la Rose, sur le pont au change, près de la belle image Nostre Dame. Brunet, V, 1630, n°222 ; Bohatta 769.
Gilles Hardouin ne prit le titre d’imprimeur qu’en 1509 lorsqu’il s’établit « au bout du pont Nostre Dame ». « Pour ses toutes premières productions, Gilles Hardouin avait employé les presses de Philippe Pigouchet, d’Anthoine Chappiel et particulièrement celles de Guillaume Anabat ». Brunet, V, 1628.
L’iconographie se compose, outre le feuillet de l’homme anatomique, de 14 grandes figures sur bois à pleine page, toutes enluminées à l’époque de teintes chatoyantes et insérées dans des bordures peintes sur fond or de larges rinceaux peuplés de fleurettes et fruits des bois ainsi que de 29 vignettes sur cuivre toutes enluminées à l’or et de nombreuses initiales en or sur fond bleu ou rouge.
Les grandes gravures représentent : -La Crucifixion. -L’Arbre de Jessé. -L’Annonciation. -La Visitation. -La Crucifixion, ici répétée mais peinte différemment. -La Pentecôte. -La Nativité. -L’Annonce aux Bergers. -L’Adoration des mages. -La Présentation au Temple. -La Fuite en Egypte. -Le Couronnement de la Vierge. -Le Roi David. -Le Festin du Mauvais riche.
Chacune des pages du livre d’Heures est également ornée d’une bordure de multiples vignettes sur cuivre mettant en scène des épisodes de l’Ancien et du Nouveau Testament. Il est intéressant de noter que toutes les légendes des vignettes des bordures sont en français.
« Ces productions si remarquables par leurs ornements xylographiques, et où le cachet de l’époque est si bien empreint dans les poésies naïves qui les accompagnent, ont été presque entièrement négligées pendant le dix-septième et le dix-huitième siècle : devenues alors tout à fait inutiles sous le rapport liturgique, et trop répandues pour pouvoir être comptées parmi les livres rares et précieux, ce ne furent guère que les exemplaires richement décorés de peintures qui trouvèrent place dans les cabinets des curieux, et seulement parmi les curiosités du second ordre. Il ne fallait rien moins que la révolution qui depuis 1820 s’est opérée dans la littérature et dans les arts, pour ramener le public au genre gothique, et pour donner une véritable importance aux livres qui nous occupent ici. Plus recherchées, examinées avec plus de soin, et surtout mieux appréciées, ces singulières productions sont devenues un sujet d’admiration pour les artistes et pour les plus habiles connaisseurs. » (Brunet, V, 1561).
Brunet souligne la rareté des livres d’Heures imprimés par les Hardouin, lorsqu’ils sont rubriqués et enluminés. « Il se trouve des exemplaires assez précieux, à cause des peintures et des lettres ornées qui les décorent. Il parait que ces lettres en or et en couleur sont l’ouvrage de Germain Hardouyn, ‘in arte litteriare picture peritissimus’ ». Brunet, V, 1628.
Ce livre d’Heures est particulièrement rare. Brunet note ainsi que durant le mois de novembre 1503, Gilles Hardouin fit imprimer deux éditions différentes de ce beau livre d’Heures : l’une sous la date du 24 novembre (notre exemplaire), l’autre sous la date du 28 novembre. Seule la première, ici présentée, est ornée de ces multitudes de vignettes en encadrement. En outre son format est également plus grand : hauteur de 210 mm contre 193 mm pour l’édition suivante.
Précieux et précoce livre d’Heures enluminé sur peau de vélin, chatoyant et de grand format, conservé dans une exquise reliure fleurdelysée dont la facture de médaillons floraux et ovales feuillagés évoque les meilleurs ateliers parisiens sous le règne d’Henri IV.
Provenance : Thomas Wynn, 1st Baron Newborough (1736-1807) avec ex libris armorié ; Boies Penrose (1860 Philadelphia-1921 Washington) avec ex libris sur peau de vélin.