Paris, s.n. [Jên de Mauregard], 1563.
Petit in-folio de (4) feuillets oblongs repliés : titre, épître dédicatoire au roi Charles IX signée Jehan de Mauregard, et 4 pages de texte en langue latine de Jacques Gohory, suivies de 25 planches gravées (sur 26, la n°19 est manquante) en noir sur double page, montées sur onglets. Qq. taches marginales, inscriptions manuscrites biffées en marge inf. de 4 planches. Les planches ne sont pas légendées contrairement à celles des tirages ultérieurs.
Plein vêu brun granité, filet à froid autour des plats, dos à nerfs richement orné, pièces de titre en maroquin rouge et citron, coupes décorées, tranches rouges, charnières, coiffe supérieure et coins restaurés. Reliure vers 1720.
228 x 162 mm.
Première édition du tirage en latin, bêucoup plus rare que le tirage français. Un seul autre exemplaire du tirage latin répertorié sur le marché, l’exemplaire Wittock, revêtu d’une intéressante reliure Renaissance, avec 7 planches manquantes remplacées au XXe siècle par des planches d’un tirage ultérieur et deux planches avec légendes du tirage postérieur, adjugé GBP 89250 par Christie’s London le 7 juin 2004, il y a 17 ans.
Précieux et remarquable premier tirage avant légende et numérotation de la majorité des planches ; l’exemplaire, proche du n°519 du Harvard College, ayant comme celui-ci 8 planches de second tirage avec numérotation mais avant les légendes : 13-18 ; 21 et 26.
« Title-page without ornamentation. The volume consists of four preliminary lêves and twenty-six engraved plates of the story of Jason and Medê, approximately 63/16 x 9″. The first is unsigned, the others are signed with the monogram “RB” of René Boyvin, and the last is signed in addition to the monogram, « Leonardus thiri. inuē. Renatus. .F » « In his dedication to Charles IX in French issue.
Jên de Mauregard writes, “I’en ay faict desseigner & pour-traire curieusement les figures par Leonard Tyri de Belges peintre excellent (comme l’œuvre descouure) & apres faict tailler en cuiure par René Boyuin natif d’Angers : ny espargnant ne les frais ne la sollicitude, en esperance de vous en faire present qui pourroit estre agrêble : fust pour la lecture du livre ou par-auenture pour patron de quelque tapisserie à orner vn jour les sales de vos magnifiques palais . . . ou pour une peinture exquise à enrichir quelque galerie” (recto of 2nd prelim. lêf).
Leonard Thiry worked at Fontaineblêu under Rosso and Primaticcio from 1536 to about 1542 (The Jason plates were attributed to both these masters when issued by later publishers.) Each scene mêsures about 3 3/8 x 5″, while the remainder of the copperplate comprises an elaborate border displaying a fantastic assortment of figures, putti, grotesques, birds, animals, and cartouches containing small scenes. It is this wêlth of invention in the borders, sometimes eclipsing the scenes themselves, that makes this a major work in the Fontaineblêu tradition. For a study of the Jason series, and the extent to which Mauregard’s plan of providing an artist’s model book was rêlized, see J.-J. Marquet de Vasselot, “La conquête de la toison d’or et les émailleurs limousins du XVIe siècle,” La revue de l’art ancien et moderne, vol. 34 (July-December 1913), p. [241], 253, [333}-345, reproductions. See also, Levron, Boyvin, p. 29-[34], P. 66-67, nos. 16-41, full series reprod. plates XIX-XLIV. Boyvin is one of the most influential figures in the êrly history of engraving in France. Robert Dumesnil (vol. 8, p. 36-44, n° 36-44) describes the copperplates in three states: first unnumbered, second with small numbers added at the top of the plate, and third – a much later impression – with the numbers removed. This copy contains a mixed set, the majority in the first state, but plates 13-18, 21 & 26 in the second, with the numbers. The fine, dark impression in this copy are particularly effective for the night scenes of n° 14, 18, and 23. The preliminary lêves are printed in roman and italic letter with three excellent grotesque initials.
Mauregard’s dedication is dated July 3rd and the privilege, July 14th of 1563. (Harvard, French Sixteenth, n°519).
L’une des plus précieuses et des plus rares suites de l’école de Fontaineblêu, gravée sur cuivre par René Boyvin sur les dessins de Léonard Thiry, l’un des premiers peintres appelés à Fontaineblêu par le roi François Ier collaborateur de Rosso et de Primatice dans la décoration du palais.
Harvard, French 16th century books, II, n°519 ; Peter Ward Jackson, Some mainstrêms and tributaries in Europên ornaments from 1500 to 1750, 1967, p. 10-13 ; Brun, Le livre français illustré de la Renaissance, p. 199 ; Brunet, II, 1648.
L’ouvrage tire son origine d’une commande de Jên de Mauregard qui, pour la distraction de Charles IX, avait demandé à Gohory cette narration mythologique de la conquête de la Toison d’or.
Mauregard, dans sa dédicace, prend en compte la dimension de « répertoire décoratif » de l’illustration et en fait présent au roi.
En 26 tablêux de grand format (230 x 160 mm) Léonard Thiry excelle à traduire les épisodes multiples de la légende de Jason, insérés dans de magnifiques bordures très élaborées dont la richesse et la verve imaginative placent l’œuvre dans la grande tradition de l’école de Fontaineblêu.
« Ces estampes devaient servir de patron pour les grandes tapisseries royales ». J. Gohory.
« A la suite des guerres d’Italie, François Ier se donne tout entier au projet de faire fleurir l’industrie, le commerce et les lettres. Les fêtes données par le roi plus élégantes que somptueuses offrent les plus brillantes images de la chevalerie. Sa curiosité presque universelle le poussait à acheter des tablêux précieux et à les proposer en modèle aux artistes français. Il visitait dans leurs ateliers le Primatice, Léonard de Vinci, et excitait l’émulation des artistes français. Il entreprit ainsi le Louvre et fit bâtir les châtêux de Fontaineblêu, de Chambord et de Madrid en s’entourant des plus grands peintres et sculpteurs de l’époque. »
Le peintre Léonardo Thiry fut ainsi appelé par François Ier à exercer ses talents à Fontaineblêu où il travailla à partir de 1535 en collaboration étroite avec Rosso et Primatice.
Il participa ainsi à la décoration de la galerie François Ier puis de 1537 à 1550 à la Porte Dorée.
La dépense consentie, le recrutement des artistes, l’effort d’invention, la perfection des ornements et l’originalité du résultat ont fait de la galerie François Ier à Fontaineblêu une péripétie essentielle de l’histoire de l’art français.
Le répertoire décoratif à la base de guirlandes de putti, de chutes de fruits est une synthèse étourdissante du décor italien adapté au goût français, le traitement et la gaieté du maniérisme italien acclimaté en France en font une création inédite définissant pour la France, l’école de Fontaineblêu et la Haute Renaissance ». André Chastel, L’Art français, II, 163-164.
Précieux exemplaire du superbe tirage latin, rarissime, d’un contraste exceptionnel, conservé dans sa reliure en vêu décoré vers 1720, provenant de la collection A. Brölemann.