BOILEAU, Jacques De l’abus des nuditez de gorge.

Vendu

Traité consacré à l’impudeur des femmes du XVIIe siècle

Rare édition originale de ce traité de Jacques Boileau consacré à l’impudeur des femmes du XVIIe siècle.

Rupture de stock

UGS : LCS-1977 Catégorie :

A Bruxelles, chez François Foppens, 1675.

In-12 de (3) ff., 110 pp.

Relié en plein maroquin rouge du XIXe siècle, triple filet doré encadrant les plats, dos à nerfs richement orné, filet doré sur les coupes, roulette dorée intérieure, tranches dorées sur marbrures. Reliure signée Duru 1846.

146 x 83 mm. 

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Bel exemplaire de ce traité consacré à l’impudeur des femmes, finement relié en maroquin rouge de Duru.

Rare édition originale de ce curieux opuscule attribué à Jacques Boileau, le frère de Nicolas Boileau-Despreaux. Graesse, Trésor de livres rares, 8 ; Bulletin Morgand et Fatout, 10836 ; Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes, 47-48 ; Brunet, I, 22 ; P. L. Jacob, Énigmes et découvertes bibliographiques, pp. 276-280 ; Gay, Bibliographie des ouvrages relatifs à l’amour, 12.

Jacques Boileau (1635-1716), théologien français et docteur de Sorbonne, frère de Gilles et de Nicolas Boileau, fut pendant 25 ans grand-vicaire et official du diocèse de Sens.

« Il avait l’esprit porté à la satire et à la plaisanterie. Ses nombreux ouvrages sont relevés par un style mordant et par mille traits curieux : ils annoncent une étonnante érudition et une assez grande hardiesse d’esprit ».

« En tête de la première édition de ce curieux traité, l’Imprimeur le présente, dans l’Avis au lecteur, comme « l’effet du zèle et de la piété d’un gentilhomme françois, qui, passant par la Flandre, et voyant que la plupart des femmes y ont la gorge et les épaules nues et approchent en cet estat du tribunal de la Pénitence et même de la sainte Table, » fut tellement scandalisé, qu’il promit d’envoyer dans ce pays, à son retour en France, un écrit où il ferait voir l’abus et le dérèglement de cette coutume. Or, l’imprimeur de la première édition : ‘De l’Abus des nuditez de gorge’ (Bruxelles, 1675, in-12), est François Foppens, qui avait alors des relations fréquentes avec les écrivains français, et qui se chargeait de publier les ouvrages qu’ils n’eussent pas osé faire circuler d’abord en France. La Belgique fut, pendant le dix-septième siècle, une sorte de terrain neutre de la littérature et de la librairie françaises.

Il est donc certain que l’auteur de ce petit livre était un Français, sinon un gentilhomme. Ce n’est pas à dire que ce fut Jacques Boileau, docteur en Sorbonne, grand vicaire et official de l’église de Sens, frère du grand satirique Boileau-Despréaux. Jacques Boileau, qui a publié une Histoire des Flagellants, une Histoire de la Confession auriculaire, un Traité des Attouchements impudiques, choisissait de préférence les sujets scabreux et difficiles ; mais, ordinairement il écrivait en latin, quoiqu’il fût très capable d’écrire en fort bon français. Ainsi, rien ne prouve que Jacques Boileau soit réellement l’auteur de ‘l’Abus des nuditez de gorge’, traité écrit en excellent français, mais dont nous ne connaissons pas de texte latin.

On a essayé de chercher un autre auteur à qui pouvoir attribuer ce petit ouvrage, réimprimé à Paris en 1677. On a cru découvrir sous ce pseudonyme d’un gentilhomme français, un ecclésiastique moins connu, que l’abbé Boileau, le sieur de Neuilly, curé de Beauvais, que l’histoire littéraire ne mentionne nulle part […]. Le savant Barbier, dans son ‘Dictionnaire des anonymes’, s’en est tenu à Jacques Boileau : tenons-nous-y à son exemple, jusqu’à plus ample informé.

[…] Le traité de ‘l’Abus des nuditez de gorge’, dont il existe une troisième édition, imprimée à Paris en 1680, fut composé par un homme qui savait écrire, qui vivait au milieu du grand monde, et qui aborde en face, avec une délicatesse presque galante, le sujet épineux qu’il a choisi entre tous. Cet anonyme, assez peu austère, malgré les semblants de rigorisme qu’il se donne, avait à cœur, on le voit, de se faire lire par les dames. Il reproduit sans doute la plupart des admonitions religieuses que Pierre Juvernay avait adressées aux pécheresses de la mode, trente ans auparavant, dans un fameux ‘Discours particulier contre les femmes desbraillées de ce temps’, mais il s’exprime toujours avec convenance et politesse ». (P. L. Jacob).

L’ouvrage est divisé en deux parties, dont l’une traité de la nuisance et de la culpabilité de la nudité des épaules et de la gorge ; et l’autre, des vaines excuses des femmes pour autoriser cet abus. La matière est toute contenue dans 113 paragraphes, ainsi répartis, 44 dans la première division et 69 dans la seconde.

« On relève ici, outre la hantise du Regard qui pénètre et qui tue, l’érotisation évidente du sujet écrivant, suivie d’un appel à la solidarité masculine devant l’ampleur du danger. Vitupérer contre la ‘témérité effroyable’ de celles qui pourchassent les hommes jusqu’au pied des autels permet immédiatement à Boileau de construire les femmes en agents de Satan […]. Certaines précisions font de Boileau un amateur-esthète. Il revient souvent sur le péril de ‘considérer attentivement une belle gorge nue’ ; et s’il s’adresse de toute évidence à des hommes, il ne s’exclut jamais du groupe agressé et tenté. C’est surtout une complicité entre hommes désirants que Boileau établit. Sans conteste, ici, l’œil est pour lui la Voie Royale de la tentation. La première édition du texte répétait, comme en incantation, l’expression ‘par la nudité du sein’ […]. Malgré ses propos osés, Boileau n’est pas un de ces abbés de cour libertins adonnés à une production érotique anti-catholique. Il s’inscrit au contraire dans une pensée dont l’orthodoxie n’est pas en cause. Si son ‘Abus des nudités de gorge’ importe, c’est d’abord parce qu’il souligne l’emprise du mode confessionnel sur les esprits – Boileau ressent manifestement la nécessité de se confesser sujet désirant- mais c’est aussi parce que ce texte illustre l’impasse dans laquelle se placent ces prêches ou propos sincèrement réformateurs qui finissent par surinvestir érotiquement l’objet-même qu’ils cherchent à occulter. » (La femme au XVIIe siècle, Richard G. Hodgson, p. 260).

OCLC ne répertorie qu’un seul exemplaire dans l’ensemble des institutions publiques, à la Cleveland Public Library.

Provenance : de la bibliothèque P. Desq avec ex libris (catalogue de 1866, n°77).

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Auteur

BOILEAU, Jacques