MONSTRELET, Enguerrand de. Le premier (second et tiers) volume de Enguerrand de Monstrellet Ensuyvant froissart nagueres imprimé à Paris des croniques de France, dangleterre, descoce, despaigne, de Bretaigne, de Gascongne, de Flandres. Et lieux circonvoisins…

Prix : 95.000,00 

Les fameuses Chroniques de France illustrées de Monstrelet.
Imprimées par Anthoine Verard en l’année 1503.

1 en stock

Imprimez à Paris pour Anthoine Verard, libraire demourant à Paris devant la rue Neuve Nostredame à lymaige Sainct Jehan l’évagelliste ou au palais devant la chapelle ou l’onchante la messe de messeigneurs des présidens, s.d. (1503).

3 tomes en 2 volumes in-folio de I/ (10) ff., 301 ff. dont 1 grande gravure, II/ (8) ff., 202 ff., (6) ff., 128 ff., petite déchirure restaurée à l’angle inférieur de la page 1 du tome 1 et au bas du titre du tome 2. Plein maroquin rouge, plats encadrés de filets dorés, dos à nerfs finement ornés, double filet or sur les coupes, large roulette intérieure, tranches dorées. Reliure de Trautz-Bauzonnet.

333 x 223 mm.

Lire plus

Seconde édition originale, très voisine de la première parue cette même année 1503.

Mac Farlane n° 176 ; Tchemerzine, IV, 859. 861 ; Brunet III, 1831‑183 ; Bechtel M-469.

Exemplaire exceptionnel par sa grandeur de marges : hauteur 334 mm.

Précieuse édition gothique de grande rareté des chroniques de France et d’Angleterre considérée comme « l’un des chefs-d’œuvre des impressions gothiques françaises. »

C’est la seconde après la princeps imprimée elle aussi pour Vérard début 1503 : 45 lignes par colonne, à l’adresse : « devant la Rue Neuve Notre-Dame » qui permet de la dater 1503, alors que l’édition précédente est à l’adresse « à petit pont ».

La qualité typographique de cette très élégante édition gothique est soulignée par les bibliographes.

« Ces deux éditions (de Monstrelet) sont les plus belles qui aient été imprimées en lettres gothiques ». (Brunet).

Attaché au service de Jean de Luxembourg Enguerrand de Monstrelet était bailli de Compiègne en 1430. Lorsque Jeanne d’Arc tomba au pouvoir des Bourguignons, Monstrelet assista à son entrevue avec le Duc de Bourgogne. Prévot de Cambrai en 1444, il entreprit de son propre chef de continuer la Chronique de Froissart qui s’était arrêtée en 1400.

Sa chronique très précieuse couvre les années 1400 à 1467. Il en rédigea lui-même les deux premiers livres ; le troisième est l’œuvre de Matthieu de Covey ou d’Escouchey son continuateur.

Monstrelet se veut un chroniqueur fidèle et précis de la France traumatisée par la guerre de cent ans : guerres civiles entre les maisons d’Orléans et de Bourgogne, occupation de Paris et de la Normandie par les Anglais, expulsion des Anglais du territoire français…

Rabelais fustigea férocement Monstrelet dans son Pantagruel (Livre III). Lui reprochant d’être « baveux comme un pot à moutarde », il lui assigne « un chaperon vert et jaune à oreilles de lièvre ».

Ce jugement bien sévère est contredit par la critique historique qui voit en Monstrelet un chroniqueur « exact et consciencieux », soucieux du sérieux de ses informations, de la fidélité des dates, et d’un style simple et clair.

Douet d’Arcq reconnaît ainsi que cette chronique contient « des pièces très instructives qui en font le guide le plus sûr pour pénétrer dans le détail si complexe des faits qui ont signalé la première moitié du XVe siècle. »

La chronique de Monstrelet est un témoignage important pour l’histoire de la première moitié du XVe siècle.

« C’est un récit original, dans lequel l’auteur mêle adroitement sources écrites et témoignages oraux. Il confronte ses différentes informations, les vérifie, les critique, et ajoute son expérience personnelle ».

Références : R. de Brandt de Galametz, Le chroniqueur Monstrelet gentilhomme picard, Abbeville, 1886, extrait des Mémoires de la société d’émulation d’Abbeville. – A. Lesort, Notes biographiques sur le chroniqueur Enguerrand de Monstrelet, Paris, 1909, extrait du Bulletin historique et philologique. – H. Moranvillé, Note sur quelques passages de Monstrelet, dans BEC, t. 62 (1901), p. 52-56.

Cette édition gothique s’ouvre sur chacun des 3 titres par une belle initiale L, de style calligraphique avec profils de grotesque très évocatrice du fonds Vérard (105 x 48 mm).

Cette initiale se retrouve dans l’ « Hortus Sanitatis » imprimé pour Vérard vers 1500, (reproduite dans Fairfax Murray. Early Frenchbooks, n° 227) et dans les « Épîtres de St Pol », s.d. (reproduite dans Claudin. Histoire de l’Imprimerie. II. p 503).

Une splendide gravure sur bois (180 x 150 mm) (qui serait le siège de Lille, différent du bois de la première édition) représente Roi et soldats en armures et combats devant une ville assiégée, au feuillet 163 du tome Ier. La scène élégante est bien campée et les détails architecturaux de grande beauté.

« Le dessin est ferme, les tailles déliées. Il y a de la souplesse dans les attitudes des personnages du premier plan, dont les visages expriment la diversité des sentiments qui les agitent ».

La grande Marque de Vérard est apposée au recto du dernier feuillet du second volume (Renouard, 1088).

Monstrelet résida la plus grande partie de sa vie à Cambrai, possession du duc de Bourgogne. Il avait été pourvu dès 1436 de l’office de lieutenant de gavenier de Cambrai, – les gaves ou gavènes étant la redevance annuelle que les sujets des églises du Cambraisis payaient au duc de Bourgogne, pour la garde de ses églises, qui lui appartenaient en qualité de comte de Flandre. Bailli du chapitre de Cambrai en 1436, il devient prévôt de la ville de Cambrai, et le restera jusqu’à sa mort vers la mi-juillet 1453. Historien, il accompagnait le duc Philippe dans ses voyages et campagnes, ce qui lui permit de décrire nombre d’événements, dont il avait été le témoin visuel. Pour preuve, sa translation de la visite du duc Philippe à Jeanne, après sa capture sous les murs de Compiègne : « laquelle (Jeanne) icelui duc alla voir au logis ou elle étoit, et parla à elle aucune paroles, dont je ne suis mie bien recors, jà soit ce que j’y étois présent » désarmant aveu de candeur de la part du chroniqueur.

Monstrelet se veut le continuateur de l’œuvre de Froissart : « Et commencera cette présente Chronique au jour de Pâques communiaux, l’an de grâce 1400, auquel on finit le dernier volume de ce que fit et composa, en son temps, ce prudent et très renommé historien maître Jean Froissart, natif de Valenciennes, en Hainaut, duquel, par ses nobles œuvres, la renommée durera par longtemps. »

Le premier volume de Monstrelet s’arrête en 1422 « au trépas du très chrétien roi de France de très noble mémoire, Charles le Bien-Aimé, sixième de ce nom ».

Le deuxième volume couvre la période octobre 1422 à l’an de Grâce 1444.

Le troisième volume ne peut être attribué à Monstrelet, et nous rejoignons parfaitement l’avis de l’Historien Buchon, qui dès 1836 dans son « Choix de chroniques et mémoires de l’histoire de France » attribue les faits relatés de 1444 à 1467, à Matthieu d’Escouchy, Monstrelet étant mort en 1455. Matthieu d’Escouchy déclare lui‑même que Monstrelet s’est arrêté en 1444 et qu’il commence en conséquence sa continuation à partir de cette année. Avec la guerre de Gand, Matthieu d’Escouchy reprend presque littéralement les écrits d’un autre chroniqueur : J. du Clercq, et ceci jusqu’à 1467, fin du troisième volume et de notre deuxième tome.

La présentation, en deux tomes, des trois volumes de chroniques d’Enguerrand de Monstrelet par l’éditeur imprimeur Antoine Vérard s’explique par le fait qu’il n’était pas bien entendu au courant de ces recherches plus tardives. Quoi qu’il en soit sa présentation des chroniques en deux tomes est parfaitement équilibrée : le premier tome couvre le volume I et comporte 313 folios. Le second 345, respectivement 210 feuillets pour le volume II et 135 pour le volume III.

Au feuillet 00ii du premier volume, la complainte extraordinaire du pauvre commun et des pauvres laboureurs de France :

Hélas ! hélas ! hélas ! hélas !                       Gens d’armes et les trois estats,

Prélas, princes et bons seigneurs,                Qui vivez sur nous laboureurs,

Bourgeois, marchands et avocats,               Confortez nous d’aucun bon ayde,

Gens de mestiers grans et mineurs               Vivre nous fault, c’est le remède…

Remarquable exemplaire de Sir Edward Sullivan, immense de marges, revêtu d’une riche reliure en maroquin rouge réalisée par Trautz-Bauzonnet, ainsi décrit dans la vente Sotheby’s du 3 juin 1890, n° 1440 : « Very fine copy in red morocco super extra », £ 21-10s to Rimell ; William O’Brien, bequest booklabel dated 1899 ; library stamp on titles. This was one of the more expensive books bought by O’Brien.

Ce superbe exemplaire de l’un des livres fondateurs de l’histoire de France, imprimé en 1503, est rarissime en belle condition.

Voir moins d'informations

Informations complémentaires

Éditeur

Imprimez à Paris pour Anthoine Verard, S.d. (1503).

Auteur

MONSTRELET, Enguerrand de.