A Paris, de l’imprimerie royale, 1778.
In-8 de xxiv pp., 154 pp., xiv pp., plein maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, armoiries au centre, dos lisse orné de pièces d’armes, pièce de titre de maroquin vert, filet or sur les coupes, roulette intérieure, tranches dorées. Reliure de l’époque.
181 x 114 mm.
Première édition des maximes de La Rochefoucauld sortie des presses de l’imprimerie royale « tirée à petit nombre, non mise dans le commerce et réservée aux philosophes amis » selon Tchemerzine.
« D’après l’Avertissement cette édition fut faite sur le manuscrit original et sur des exemplaires corrigés par l’auteur. On y lit également, au contraire de ce que dit Brunet : « on en a tiré qu’un petit nombre d’exemplaires, pour les philosophes amis, et il ne s’en vend aucun ». (Tchemerzine, iv, 49).
L’Avertissement de l’éditeur nous révèle la Genèse de l’édition : « Les Réflexions morales de M. le Duc de la Rochefoucauld ont été imprimées pour la première fois en 1665. On en a fait en dix ans cinq éditions successives, avec des additions & des changemens considérables, dirigés par l’Auteur même. Depuis ce temps les éditions s’en sont fort multipliées ; mais jamais ouvrage n’a été plus maltraité par ses éditeurs. Ils ont défiguré le texte par des négligences typographiques de tous les genres ; ils ont interverti l’ordre que l’Auteur avait donné aux pensées, sous prétexte d’y en mettre un dont la nature de l’ouvrage n’est pas susceptible ; ils ont joint, on ne sait pourquoi, aux « Maximes morales » de M. de La Rochefoucauld, des « Maximes chrétiennes de Madame de la Sablière » ; ils ont noyé les unes & les autres dans une foule de notes inutiles, pour la plupart puériles & quelquefois ridicules. C’est sur le manuscrit original de M. de la Rochefoucauld & sur des exemplaires des premières éditions, corrigés de sa propre main, qu’on a fait cette nouvelle édition. On a restitué un grand nombre de pensées omises ou ignorées par les éditeurs précédens : on a rétabli l’ordre que l’Auteur avait jugé à propos de leur donner, & l’on a suppléé au défaut de liaison qui s’y trouve par une table exacte & commode. On a corrigé le texte en un grand nombre d’endroits ; on l’a purgé de toutes les superfluités dont il avait été surchargé par le zèle des Commentateurs & l’avidité des Libraires. Enfin on n’a rien négligé pour rendre cette édition plus complète, plus correcte, plus digne de la célébrité de l’ouvrage & de l’attention du Public ».
Cet ouvrage obtint dès sa parution, un succès où le scandale avait la plus grande part.
Voltaire écrivait : « On lut rapidement ce petit recueil ; il accoutuma à penser et à renfermer ses pensées dans un ton vif, précis et délicat. C’était un mérite que personne n’avait eu avant lui, en Europe, depuis la Renaissance des lettres ».
« L’auteur fréquente assidûment les salons du temps, ceux de Mlle de Scudéry, de Mlle de Montpensier, de Madame de Sablé. C’est chez cette dernière et surtout à partir de 1659 que La Rochefoucauld rencontra l’abbé Esprit, l’abbé d’Ailly, le jurisconsulte Domat, la maréchale de Schomberg, la duchesse de Longueville, les Montausier. Si chez la grande Mademoiselle, on faisait des « portraits », chez Madame de Sablé on se passionnait pour les « Maximes ». Quelqu’un proposait une opinion, sur une question de morale, les habitués la discutaient. Chez soi, entre deux séances, on tentait de mettre par écrit son sentiment sur le sujet traité et de lui donner un tour vif et piquant. Tout le monde s’y mettait. On rassemblait ensuite ce qui avait été trouvé de meilleur. C’est ainsi que parurent, après les « Maximes » de La Rochefoucauld, les « Maximes » de Madame la marquise de Sablé, publiées par l’Abbé d’Ailly, qui y joignit les siennes, celles de l’abbé Esprit, de Domat, de Méré, et d’autres. Mais, dans ce petit groupe, c’était La Rochefoucauld qui remplissait le plus souvent la charge de « greffier » ; aussi, avant de publier son recueil consulta-t-il ses amis sur ces « Maximes » où ils avaient eu tant de part ».
Précieux exemplaire cité par Olivier imprimé sur grand papier de Hollande relié en maroquin rouge de l’époque aux armes de Louis-Auguste de Rohan-Chabot.
Louis-Antoine-Auguste de Rohan-Chabot, dit le comte de Chabot, comte de Maillé‑la‑Marche, puis duc de Chabot, fils aîné de Guy-Auguste, lieutenant général, et d’Yvonne-Sylvie du Breil de Rais, sa première femme, né le 20 avril 1733, devint colonel du régiment Royal-Etranger cavalerie, brigadier de cavalerie en décembre 1761, maréchal de camp en juin 1763 et lieutenant général ; il fut créé chevalier du Saint-Esprit le 8 juin 1783. Il mourut à Paris le 13 décembre 1786. Il avait épousé le 12 avril 1757 Elisabeth‑Louise de La Rochefoucauld.
Fer frappé sur : « Maximes et réflexions morales du duc de La Rochefoucauld ». Paris, imp. Royale, 1778. (Librairie Ch. Bosse). Olivier, planche 2037.
Exemplaire en condition identique à celui vendu 275 000 FF (42 000 €) en 1989, il y a 35 ans par Pierre Berès. (Ref. Cat. 79, n°79).