Deux parties reliées en 2 volumes in-8 de : I/ 541 pp. chiffrées titre compris, 1 f. de marque ; II/ 342 pp., 1 f. avec 1 fleuron, bandeaux, lettrines et 10 gravures sur bois dans le texte, atteinte à quelques titres courants.
Maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, dos lisses ornés à la grotesque, pièces de titre et de tomaison en maroquin vert, filet or sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées. Reliure du XVIIIe siècle.
142 x 91 mm.
Rare édition originale des œuvres poétiques de Marguerite de Valois, publiée par Simon Sylvius, dit Jean de la Haye, valet de chambre de la reine.
Tchemerzine, IV, 366.
Sœur de François Ier, Marguerite de Valois (1492-1549) devint le centre de la cour dès l’avènement au trône de celui-ci. Elle jouit toujours d’un ascendant fort supérieur à celui des épouses successives du Roi, jusqu’à la mort de la Reine mère, Louise de Savoie, en 1531.
Sensible, dépendante du Moyen-Age par son attrait pour l’amour courtois et son goût des allégories, son œuvre marque la transition entre la fin de cette période médiévale et les débuts de la Renaissance dans les lettres.
Certains des poèmes sont proches de l’esprit de la Réforme même si l’auteur est demeuré fidèle à la foi catholique.
« Ce recueil marque une sensible évolution par rapport aux premiers poèmes que composa Marguerite et qu’elle réunit dans ‘le Miroir de l’âme pécheresse’. Elle dit toujours son âme, mais avec plus d’originalité, moins de réminiscences livresques. »
La ‘Complainte pour un détenu prisonnier’ est pleine de simplicité, d’émotion et de douceur, ce qui n’exclut point l’éloquence ; et Marguerite se révèle bonne avocate lorsqu’elle plaide pour le prisonnier, sans doute Marot exilé, avec l’art de se mettre à la place du proscrit pour se faire l’interprète parfaite de ses peines. »
Très bien imprimée en caractères italiques, cette édition est ornée des 10 ravissantes vignettes gravées sur bois par Bernard Salomon dit le petit Bernard qui illustrent le poème « la coche » et paraissent ici pour la première fois.
« La première, figurant une assemblée de seigneurs et de dames, dans un paysage étendu, est un chef-d’œuvre de la gravure sur bois par la finesse étonnante des tailles, la science des feuillages, l’équilibre des plans ».
Brun, Le livre français illustré de la Renaissance, p. 245.
S’y ajoute une vignette pour l’ « Histoire des satyres et des nymphes » dans le même style.
Sur les titres figurent un joli fleuron de titre répété et un autre au verso du dernier feuillet du premier volume.
De nombreuses initiales ornées et historiées complètent l’ornementation.
Il existe deux tirages de cette première édition.
L’exemplaire comporte les signes de second tirage relevés par Tchemerzine, IV, pp 369-370.
Le dernier feuiller du tome II doit être blanc et porter au verso le fleuron losangé d’arabesques du tome I ; dans cet exemplaire le relieur a placé un feuillet portant la marque de Gryphe.
L’exemplaire a été enrichi d’un feuillet à bordure florale et animalière de style flamand gravé en taille douce portant un titre manuscrit monté sur un feuillet blanc en frontispice du tome II.
Recherchée de tout temps par les bibliophiles cette édition précieuse est « difficile à trouver en bonne condition ».
Tchemerzine ne cite qu’un exemplaire en reliure du XVIe siècle qui fut marqué au prix considérable de 1800 francs or au cat. Morgan de 1903.
Brunet précise : « Edition la plus recherchée de ces poésies, les exemplaires bien conservés sont rares ». Brunet, III, 1414.
Il ne cite qu’un exemplaire en maroquin rouge relié par Padeloup, qui atteignit l’enchère considérable de 680 Fr or à la vente de la bibliothèque Renouard.
Précieux exemplaire de cette édition importante de notre littérature revêtu d’une somptueuse reliure en maroquin rouge à la grotesque de Padeloup, l’un des plus illustres relieurs du XVIIIe siècle.
Il provient de la bibliothèque Horace de Landeau (I, 1885), avec ex-libris gravé.