LA MER DES HYSTOIRES.

Prix : 110.000,00 

Edition originale de La Mer des Hystoires, « le plus bel incunable illustré français » (Claudin), achevé d’imprimer au mois de février 1489, orné de plus de 200 gravures sur bois.
Précieux exemplaire Henri Gallice et Marcel Jeanson, Adjugé 104 000 € le 10 octobre 2001.

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Paris, Pierre le Rouge imprimeur du Roy ; achevé d’imprimer au mois de juillet 1488 pour le premier volume ; Paris, achevé pour Vincent Commin marchant au mois de février 1489 et imprimé par Maistre Pierre le Rouge libraire & imprimeur pour le second volume (nouveau style).

Deux volumes in-folio de : I/ (12) ff. préliminaires et 257 ff., (1) f.bl. ; II/ 273 ff., (1) f.bl., (28) ff. pour le Martyrologe, (8) ff. de table, le dernier blanc. Le feuillet blanc final (ss8) manque.

Maroquin fauve, filet à froid encadrant les plats et soulignant les nerfs, fleurons à froid, dos à nerfs ornés, filets dorés intérieurs et sur les coupes, tranches dorées. Reliure de la fin du XIXème siècle.

390 x 280 mm.

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« Tout le monde est d’accord sur le mérite artistique de ‘La Mer des Hystoires’, qui passe pour être le plus bel ouvrage illustré du XVe siècle. Bien que plusieurs gravures soient répétées dans le corps des deux volumes, ce n’en est pas moins un véritable chef-d’œuvre, si l’on se reporte à l’époque où ils ont paru. L’art du miniaturiste a passé ainsi d’un seul coup dans le domaine du livre imprimé. » (Claudin, Histoire de l’Imprimerie française).

Edition originale rarissime de « La Mer des Hystoires », « le plus bel incunable illustré français » (Claudin), achevé d’imprimer en juillet 1488 (Tome premier) et 1489 (Tome second), « ornée de grande lettre grotesque à chacun des titres (S. Georges), bordures d’entrelacs, capitales ornées (notamment I, P, S) de toute splendeur, magnifiques bâtardes, 2 cartes doubles (Le Monde et la Palestine), 51 planches à pleine page (Baptême de Clovis, Bataille de Tolbiac, etc), 16 planches à mi-page, 383 vignettes dans le texte, précieuses pour l’histoire du costume, des métiers et des mœurs » (Guy Bechtel).

« Tout le monde est d’accord sur le mérite artistique de La Mer des Hystoires, qui passe pour être le plus bel ouvrage français illustré du XVe siècle. Bien que plusieurs gravures soient répétées dans le corps des deux volumes, ce n’en est pas moins un véritable chef-d’œuvre, si l’on se reporte à l’époque où ils ont paru. L’art du miniaturiste a passé ainsi d’un seul coup dans le domaine du livre imprimé » (Claudin).

« La Mer des Hystoires » est une adaptation originale en langue française d’un texte latin décrivant l’histoire universelle puis l’histoire de France des origines jusqu’à la mort du roi Louis XI.

« Elle est complétée d’un dictionnaire géographique, d’une description de la Terre sainte, des fables d’Esope et d’une généalogie des rois de France allant jusqu’à la mort de Louis XI et suivie d’une deuxième partie intitulée Le Martirologe des sainctz.

L’illustration comprend de grandes lettres historiées, dont un spectaculaire L calligraphique, grande initiale gravée sur bois ornée d’entrelacs et agrémentée de personnages, d’animaux et de grotesques, pour les pages de titre. Parmi les grandes planches créées spécialement pour ces éditions incunables figurent un célèbre baptême de Clovis juxtaposé à une bataille de Tolbiac et des chaînes généalogiques. Figurent également des images présentant des scènes de la vie quotidienne ou des épisodes de la vie de la Vierge, des gravures en largeur (un passage de la mer Rouge), de petites figures propres aux livres d’heures (Annonciation, Visitation, Nativité…), de grandes initiales fleuronnées pour les débuts de chapitres et force bordures peuplées de rinceaux, d’oiseaux et d’animaux fantastiques. ». (N. Petit, Les Incunables : livres imprimés au XVe siècle).

L’originalité et la profusion de cette ornementation dénote le désir du graveur de perpétuer la richesse de décor des enlumineurs dans le livre imprimé.

Les cartes du monde et de la Palestine sont les premières à figurer dans un livre français imprimé.

C’est dans ce précieux ouvrage que figurent également les bois si célèbres représentant le « Baptême de Clovis » et la « Bataille de Tolbiac », considérés comme « l’une des plus précieuses productions de la gravure sur bois au XVe siècle ». G. Duplessis.

« Pierre Le Rouge est, à l’égal de Jean Du Pré et de Guy Marchant, l’un des imprimeurs français qui ont le plus contribué au progrès artistique du livre. C’est peut-être aussi celui qui a donné le plus grand élan à l’art français de l’illustration au XVe siècle. Il appartenait à une famille de calligraphes, d’enlumineurs et de miniaturistes, qui devinrent imprimeurs par la suite. Le Rouge fit ses premiers débuts comme typographe à Chablis, en 1478.

Claudin (Histoire de l’Imprimerie française) consacre 23 pages entières à la description et à la reproduction des bois de cette première édition : « En juillet 1487 paraissait le premier volume de La Mer des Hystoires, livre illustré, d’allure majestueuse, tout rempli de grandes et de petites figures sur bois, avec des bordures artistement dessinées, des ornements d’une conception  vraiment originale et des initiales rappelant tout à la fois les caprices de la plume des calligraphes et les fantaisies du pinceau des enlumineurs. Sept mois après paraissait le second volume, tout étincelant d’art français ».

Parmi les grandes planches, il en est une qui est fort remarquable. « On doit regarder, dit M. Georges Duplessis, le Baptême de Clovis et la Bataille de Tolbiac comme une des plus précieuses productions de la gravure sur bois en France au XVe siècle. »  Cette estampe est presque au simple trait, et quelques tailles indiquent seulement la forme des objets. Elle a beaucoup d’analogie avec les miniatures. « Nous trouvons ici, dit encore M. Duplessis, de la souplesse, presque de la grâce dans le dessin, une certaine liberté même dans la gravure ; si la perspective est encore absente, le graveur compense ce défaut par la variété des ornements qu’il emploie. »

Dans l’une des petites gravures, l’artiste a voulu représenter un prédicateur populaire du temps faisant un sermon en plusieurs points ; son auditoire se compose de dames, de seigneurs et d’autres assistants, dont l’un a été suivi à l’église par son chien. Il était alors de mode d’assister aux sermons du cordelier Olivier Maillard, qui disait leurs vérités aux gens de tous états.

D’autres gravures nous font voir des détails de bâtisse. Ces planches sont intéressantes pour l’histoire des métiers, car elles nous donnent la représentation exacte d’un chantier de construction au XVe siècle, on voit à l’œuvre le terrassier, le tailleur de pierres avec leurs outils. La brouette était employée longtemps avant Pascal, auquel on en attribue généralement l’invention. La série de petites figures que l’on retrouve dans des livres d’Heures, est entourée de charmantes bordures, ornées d’anges, de fleurs, d’oiseaux, d’animaux fantastiques et de grotesques.

L’ouvrage fut imprimé pour le compte du libraire Vincent Commin, et Pierre Le Rouge en termina le second volume en février 1488 (1489, n.st).

Il y a encore bien d’autres illustrations intéressantes dans ces deux volumes pour la description desquelles nous renvoyons à l’ouvrage de M. Monceaux.

Pierre Le Rouge paraît avoir établi ses presses dans la même maison que Vincent Commin, qui avait pour enseigne La Rose. Le fait présente un certain degré de vraisemblance, si l’on fait attention que la marque de Le Rouge se compose d’un rosier surmonté d’une fleur de lis couronnée, par allusion à son titre d’imprimeur du roi de France. Le Rouge conserve toujours cette marque, même lorsqu’il travaille pour d’autres que Vincent Commin.

Pierre Le Rouge s’est servi, pour ce livre, d’un gros caractère de bâtarde d’environ 14 points.

Un exemplaire de choix imprimé sur vélin et rehaussé par de légères enluminures faisant ressortir les tailles de la gravure, fut préparé par l’imprimeur lui-même et présenté au roi Charles VIII. L’exemplaire royal existe encore. On peut l’admirer dans les vitrines d’exposition de la galerie Mazarine à la Bibliothèque nationale. » Claudin, (Histoire de l’Imprimerie française).

Plusieurs feuillets, légèrement plus courts, parfois restaurés, certains non rubriqués semblent provenir d’un autre exemplaire : o p2 à 4, â1, a1 à 8, b2 à 8, c1, z1, hh8 à10, 00 C1, D1, E1, 7 et 8, F3, J6 et 8, K1, K6, L8, M1, M3, O1, O3, O7, Q7, S1, S8, T8, V1, X4, AA6 et 7, DD3 à 5, FF6, FF8, HH7, KK3, NN10, â1, ô6, ss1 à 6.

Les folios p1 à 4, h3, o1, p4, y2, 3 et 8 et hh2 du premier volume et Al et 2 du second sont restaurés ; galeries de vers dont une altérant le texte (vol. I, cahiers a à g) ; mouillure sur quelques marges ; quelques annotations manuscrites marginales. Deux folios (b1 [vol. I] et ss7 [vol. II) ont été gillotés.

«  La « Mer des Hystoires » est une chronique universelle qui voulait retracer l’histoire du monde, entreprise à l’instigation de Charles VIII en 1483, que Pierre le Rouge publia en 1488. Elle reprend une compilation éditée à grand succès à Lubeck en 1475 (le Rudimentum noviciorum) avec des additions concernant les rois de France. Dans les 2 premières éditions, le rapport des faits s’arrête en 1483. Il fut prolongé par la suite. La valeur de l’ouvrage tient aux nombreuses illustrations qu’il reçut, surtout dans les premières éditions, mais même les plus tardives, encore très séduisantes, sont recherchées comme les exemplaires d’un livre mythique aux yeux des bibliophiles » (Guy Bechtel).

« Le Rouge had before him the editio princeps of the Rudimenturn nouitiorum, Lucas Brandis, Lubeck, 1475 (IC. 9810, vol. ii p. 550), but decorated his own book more effectively. The woodcuts, which comprise many repeats, are of various sizes, but the only full-page cuts are the genealogical and dynastic diagrams in the form of medallions joined by chains and often containing type-set inscriptions, and the ‘figure de la terre’ and the ‘figure de la terre saincte’ on feuillet lxxb and lxxia and feuillet viiixxxviib and viiixxxviiia of volume I respectively, all of which are modelled on their equivalents in the Lubeck book, and also a cut of the baptism of King Clovis I and his victory at Tolbiac on feuillet vixxxvii and iicxiv of vol. ii. A number of the smaller cuts derive from a Book of Hours. I with the figure of Christ blessing on 13a of vol. i marks the beginning of the words ‘In principio creauit deus celum et terram’, to be supplied by hand in the space provided to the right before the beginning of the French printed text (see description) ; it is also used several times at other points. Almost all the pages bearing cuts are flanked with a border-piece along one margin and border-pieces are joined to form complete surrounds at the beginnings of the principal sections.    » (BMC VIII).

Le dernier bel exemplaire cité par les bibliographes remonte à la vente Germeau de 1870 ; relié au XIXe siècle par Chambolle-Duru, l’exemplaire fut adjugé 1 200 F OR, les livres de haute bibliophilie se négociant alors à compter de 10 F OR.

Précieux exemplaire provenant des bibliothèques Henri Gallice et Marcel Jeanson (100 003 – D3), avec ex-libris, adjugé 550 000 FF + frais à la vente Marcel Jeanson du 10 novembre 2001, soit 104 800 € il y a 18 ans (ref. Vente Jeanson – 10 octobre 2001, n°3).

L’exemplaire du Baron Achille Seillière, complété avec 10 feuillets d’un exemplaire plus court, fut vendu 1 350 000 FF en 1987, soit 205 000 € il y a 32 ans.

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