Rarissime édition originale de ce recueil de poésies provençales
du tailleur de pierres vauclusien Alphonse Maillet
Aix, 1848.
Maillet, Alphonse. Poésies françaises et provençales dédiées aux ouvriers.
Aix, Noyer, 1848.
In-12 de : XXXI pp., (2) ff., 231 pp. Relié en demi-basane verte, dos lisse orné filets dorés. Reliure de l’époque.
167 x 107 mm.
Rarissime édition originale du seul recueil de poésies du poète vauclusien et tailleur de pierres Alphonse Maillet.
Exemplaire de premier tirage, avec la faute « at citoyen » p. xvii.
Ouvrier tailleur du pays d’Oc, Anfos Maillet est né à la Tour-d’Aigues, localité située sur le versant sud du Lubéron, en Vaucluse, le 6 janvier 1810. Il est le neveu de Jean Joseph Diouloufet (1771-1840) qui fut un remarquable poète occitan, légitimiste, bibliothécaire de la Méjane, à Aix. Atteint de tuberculose pulmonaire, Alphonse est fragile, celle-ci se fait vivement sentir lorsqu’il travaille trop. Il sollicite donc et obtient un emploi de maître d’études à l’Ecole Normale Primaire d’Aix-en-Provence. A partir de 1841, il collabore en occitan au journal de Peire Bellot et de Lois Méry, ‘Lo Tamborinaire et le Ménestrel’ et surtout à celui de Josep Desanat, ‘Lo Bolhabaisso’ (La Bouillabaisse) qui paraitra jusqu’en 1846. Il s’éteint à Aix en 1850, deux ans seulement après la publication du présent et unique recueil de ses poésies.
L’impression du présent recueil a lieu pendant les événements de février 1848, et l’ouvrage débute par trois poèmes, ajouts de la dernière heure, dédiés à Emile Ollivier, à Carnot et aux ouvriers.
D’inspiration lamartinienne, les poésies françaises de Maillet reprennent l’ensemble des thèmes chers à l’époque : union sacrée, honnêteté, amour de la liberté, amour de la religion et du Christ, etc.
Ce sont surtout ses compositions en occitan qui ont fait que le tailleur-poète conserve une place de choix dans l’histoire de la littérature.
« En 1848, un poète-ouvrier, Alphonse Maillet, tailleur à la Tour-d’Aigues, devenu ensuite maître d’étude à l’école normale d’Aix, fit imprimer un volume de poésies françaises et provençales. Ses productions dans notre langue se recommandent par le naturel, la grâce et la couleur. Nous citerons, comme pièces d’un mérite réel, l’Avuglo, l’Odo à la luno et surtout La Dourguetto. »
Mémoires de l’Académie des sciences, agriculture, arts et belles lettres d’Aix, tome IX.
« Avant le Félibrige, le Midi connut une floraison de poésie du peuple. Ce n’est point là un phénomène marginal, mais un évènement et un avènement considérables sociologiquement et poétiquement. Par l’enthousiasme, ces poètes se sont imposés dans la première moitié du siècle et leur influence s’est prolongée longtemps. […] Auprès du maçon Mathieu Lacroix (1819-1866), au long du siècle, il y a son confrère Denis Ollivier, et s’ajoutent des paysans qui se nomment Alphonse Tavan (1833-1905), de Châteaneuf-de-Gadagne, jardinier au château de Font-Ségugne le berceau du Félibrige, Charles Rieu, dit Charloun (1845-1924), Arlésien, auteur de chansons rustiques, que préface Mistral ; Paul Froment (1875-1898), du Quercy, auteur de ‘Lous de Primo’, 1897 ; des forgerons comme Justin Courbin et A.-L. Grenier, et au nom de Jean-Antoine Peyrottes (1813-1858), le bottier de Clermont-L’Hérault s’ajoutent ceux de Jean Lacon, mécanicien, Louis Pélabon, ouvrier-voilier à Toulon, Louis Vestrepain, bottier à Toulouse, Alphonse Maillet (1810-1850), tailleur à La Tour-d’Aigues, Guillaume Laforêt, charretier à Saint-Gilles, Louis Biard, tourneur sur bois à Nîmes, Marius Decard, ouvrier d’Aix et modeste aubergiste des pauvres, …
Comme au temps de Bernart, fils de serf au château de Ventadour, les plus humbles côtoient les bourgeois et les savants, avant, pendant et après le Félibrige. […] C’est une passionnante histoire qui ne commence pas avec Roumanille et ses amis, mais bien avant, alors que des poètes d’oc sont reconnus comme de parfaits romantiques, plus populaires sur leur terre que bien des grands de la capitale. »
Robert Sabatier, Histoire de la poésie française, II, p. 475
« Il était tailleur à la Tour-d’Aigues, son pays natal, lorsque la muse lui accorda ses premières faveurs. Encouragé par des conseils bienveillants, il demanda à l’étude de perfectionner les dons naturels qu’il avait reçus. Ses efforts persévérants furent couronnés de succès. Il fut placé à l’école normale d’Aix, où il est resté pendant longtemps maître d’études. Dans les moments de répit que lui laissaient ses occupations pédagogiques, il tressait de fraîches couronnes de vers dont ses amis et quelques rares appréciateurs respiraient seuls les parfums. Nous nous rappelions encore avec quelle modestie il accueillait les éloges donnés à son talent. […] La mémoire de M. Maillet lui survivra cependant, car il laisse un livre où les âmes tendres trouveront toujours de doux épanchements, et des vers provençaux dont le piquant, la verve et l’originalité seront constamment recherchés des amateurs de notre littérature locale. » (Le Mémorial d’Aix. Dimanche 31 août 1851, p. 2).
Précieux exemplaire de cette rareté de la littérature provençale, conservé dans sa reliure de l’époque.
Localisation des exemplaires au nombre de 2 seulement en France : Centre interrégional de développement de l’occitan de Béziers, Université Paris Sorbonne.